mercredi 10 mars 2010

Les grecs au bord du désespoir (et de la pauvreté)

Avec tout ce qu’on entend ces dernières semaines sur la Grèce et ses finances, je voulais vous donner mon point de vue.

Le début de la fin a commencé avec la révélation que les grecs avaient manipulé, à plusieurs reprises, les chiffres de leur déficit budgétaire et dette, et que ceux-ci étaient en réalité beaucoup plus importants. Non que le déficit budgétaire et la dette des autres pays de l’Union Européenne soient plus sains, au contraire. Alors pourquoi tant d’acharnement sur la Grèce ? Parce que cette révélation est en fait venue ébranler la confiance des autres Etats membres de l’UE envers la Grèce.
Hier la Grèce a pu emprunter quelques milliards d’euros en émettant des obligations, mais au prix fort, à un taux de 6,5%. Et les grecs de se demander (à juste titre d’ailleurs) : pourquoi un taux si élevé, quand l’Espagne, elle, emprunte à 3% ? Après tout, l’Espagne a aussi été frappée fortement par la crise financière, et ses dettes sont également importantes. Et bien, c’est le manque de confiance des prêteurs qui justifie cet écart, c’est le prix à payer quand on a « triché » et menti à ses partenaires européens pendant des années.

Le peuple allemand a exprimé ces derniers jours son mécontentement, sa réticence à venir en aide financièrement à la Grèce. Pour l’anecdote, certains sont même allés jusqu'à dire que la Grèce ne devait plus faire partie de l’Union Européenne, d’autres ont proposé la vente du Parthénon (sic !) pour renflouer les caisses de l’Etat. Bien sûr le peuple grec, blessé par ces déclarations, s’est enflammé et a réagi, en évoquant notamment les deux Guerres Mondiales et le rôle important (et indiscutable) que la Grèce y a joué, notamment lors de la Seconde Guerre, en résistant aux Italiens et en contrariant ainsi les plans et le timing des compères Mussolini-Hitler.

Est-ce surprenant que les grecs réagissent ? Ont-ils tort, et surtout, peut-on leur en tenir rigueur ? Certains diront « comme on fait son lit, on se couche ». Mais demandons-nous un instant, qui a faussé les chiffres ? Quelles sont les personnes responsables de la situation actuelle? Est-ce que c’est le peuple grec, ou bien les personnes qui étaient au pouvoir lors des gouvernements précédents ? Le peuple grec a été autant surpris et choqué, sinon plus que la scène internationale, quand il s’est avéré que les chiffres et statistiques du pays avaient été manipulés. Ils ont désespéré face à l’annonce des mesures dures, qui, comme d’habitude, viendront saigner les basses et moyennes classes, les mêmes qui ont vu leur pouvoir d’achat s’effriter au cours des dernières années. Les grecs se sentent profondément trahis, non seulement par leurs voisins européens qui, il y a encore peu de temps, se pavanaient d’avoir établie une constitution commune, mais aussi, et surtout, par leurs dirigeants d’hier et d’aujourd’hui, qui restent impunis malgré la gravité de leurs actes, alors que le nombre de familles vivant sous le seuil de pauvreté va continuer à augmenter, surtout à la suite de l’application des mesures annoncées. Le gel des salaires, l’augmentation des impôts, les licenciements, la baisse de la consommation, la fermeture de nombreux commerces, l’appauvrissement qui va s’ensuivre… Ce prix-la, le peuple grec n’a toujours pas compris pourquoi c’est à lui de le payer.

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