jeudi 18 mars 2010

Le « vampirisme » bancaire (ou comment les banques ont encouragé la faillite des foyers grecs)

Ces dernières années, les cartes de crédit et prêts à la consommation ont été distribués en abondance en Grèce. A un point qui dépasse l’entendement.
Les banques ne vérifiaient jamais la santé financière de leurs clients; savoir s’ils avaient emprunte auprès d’autres établissements leur était indifférent. En fait, la procédure pour obtenir une carte de crédit ou un prêt à la consommation était très simple ; il suffisait de prendre rendez-vous auprès d’un conseiller, avec une copie de son avis d’imposition. Le prêt était généralement accordé au bout de 24 heures.

La majorité des établissements bancaires avaient même une politique marketing très agressive, prospectant régulièrement les clients existants ou potentiels pour leur proposer de nouvelles cartes, ou encore pour augmenter le plafond de leur emprunt. Certaines n’avaient même aucun scrupule à envoyer par courrier une carte de crédit à des personnes qui n’en avaient jamais fait la demande! Bien sur, les taux usuriers de l’ordre de 17 à 23% n’étaient que rarement mentionnés (c’était l’ère du crédit revolving).

Le résultat est là. Au fil des années le consommateur grec s’est surendetté. Des milliers de foyers se retrouvent aujourd’hui à devoir rembourser des prêts exorbitants dont le montant total représente plusieurs fois le montant de leurs revenus annuels. Certaines personnes ne pourront jamais honorer leur engagement, les mensualités de remboursement dépassant leur revenu mensuel brut !

Cette situation est grave, pour les particuliers bien évidemment, qui ont déjà beaucoup de mal à joindre les bouts. Elle est grave, parce que les banques vont tout mettre en œuvre pour récupérer leur argent, surtout dans cet environnement de crise, où chaque euro est précieux. Fini le temps des jours heureux, quand les banques, dans une espèce d’euphorie nationale, distribuaient l’argent à qui voulait bien le prendre. Elles ont déjà changé leurs discours ; elles proposent maintenant à leurs emprunteurs de restructurer leurs dettes, elles leurs proposent candidement de trouver quelqu’un qui veuillent bien se porter garant, et, si cela ne marche toujours pas, elles sortent les dents et se mettent à faire une saisie sur les salaires, retraites, biens mobiliers et immobiliers. Pire, la peine de prison pour endettement existe toujours en Grèce, et que les banques semblent être prêtes à tout.

Cette situation enfin, met à mal tout le pays et son système économique et social. Cet argent doit bien être payé par quelqu’un. Si l’emprunteur initial n’en n’a pas les moyens, la perte bancaire ne fera que se répercuter sur l’ensemble de la nation.

Certains diront que la faute est aux banquiers, qui avaient l’obligation professionnelle d’étudier un minimum le dossier de leurs clients avant de leur octroyer les prêts. D’autres y verront une juste conséquence de l’irresponsabilité de ces foyers qui ont continué d’emprunter sans se demander s’ils pourraient faire face à leurs obligations. Enfin, n’est-ce pas là, encore une fois, la preuve d’un Etat bancal, qui n’a pas su légiférer pour imposer un taux d’emprunt maximum et anticiper ainsi un problème qui se transforme en crise sociale ?

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